- AÉROTRAIN
- AÉROTRAINAÉROTRAINAnalogue au chemin de fer à ceci près que la sustentation des véhicules est assurée non pas par des roues mais par un coussin d’air, l’aérotrain est un système de transport terrestre en site propre.Le véhicule à coussins d’air, ou aéroglisseur, peut être défini comme un véhicule porté par un volume d’air en surpression par rapport à l’ambiance, enfermé entre le fond du véhicule et le sol, et contenu par des parois latérales, cet ensemble étant dénommé «coussin d’air». L’air du coussin s’échappe par l’intervalle laissé libre entre l’appareil et le sol, appelé «intervalle de fuite», et est renouvelé en permanence par un compresseur.Contrairement à d’autres systèmes de sustentation (sustentation magnétique par exemple), le coussin d’air est stable en altitude. En effet, si le coussin se rapproche du sol, l’intervalle de fuite diminue, ce qui réduit le débit d’air; la pression du coussin augmente alors, et tend à soulever l’appareil. C’est l’inverse qui se passe quand le coussin se soulève.La stabilité en assiette peut être assurée en associant plusieurs coussins pour porter une même plate-forme.L’intérêt du coussin d’air, du point de vue énergétique, n’est pas évident; il dépend essentiellement de la vitesse du véhicule. À faible vitesse, la nécessité de dépenser en permanence une énergie de sustentation est un handicap sérieux; en revanche, à grande vitesse, elle est largement compensée par le gain qu’on peut réaliser sur l’énergie de propulsion, grâce à la suppression des frottements sur le sol ou sur l’eau.Cet intérêt du coussin d’air pour les vitesses élevées est renforcé par le fait qu’il constitue par lui-même un élément de suspension qui, dans son principe, se rapproche le plus de l’idéal; en effet, la masse non suspendue — qui est ici l’air du coussin — est très faible devant la masse totale. Elle peut donc suivre les irrégularités du sol avec une grande rapidité; en langage technique, on dit que sa fréquence propre est élevée. À grande vitesse, la suspension pose aux véhicules terrestres des problèmes difficiles car les irrégularités du sol ou de la voie se transmettent au véhicule sous forme d’accélérations qui croissent comme le carré de la vitesse, et qui deviennent de véritables chocs dont souffrent les passagers, la structure du véhicule, et la voie elle-même. La voie doit donc être d’autant plus parfaite dans son état de surface, et d’autant plus solidement assise dans le sol, que la vitesse cherchée est plus élevée. Le coussin d’air, par son principe même, supprime ces difficultés: il n’y a aucun contact entre le véhicule et la voie, les chocs ne peuvent donc pas se produire.L’aérotrain, conçu par Jean Bertin, constitue l’application du coussin d’air au domaine du transport terrestre à vitesse élevée. Il s’agit d’un véhicule qui se déplace au-dessus d’une voie en béton ayant en coupe la forme d’un T inversé; les coussins de sustentation sont placés au-dessus des parties horizontales de ce T; des coussins de guidage sont de plus disposés de part et d’autre de la branche verticale de façon à assurer un guidage rigoureux. Les coussins sont alimentés par des compresseurs situés dans la partie inférieure du véhicule; dans sa version initiale, la propulsion est assurée par une hélice carénée, entraînée par un turbopropulseur; une propulsion par moteur linéaire est également envisageable. Le freinage normal est obtenu par inversion du pas de l’hélice; l’aérotrain possède en outre deux moyens de freinage d’urgence: le pincement du rail central par un frein en mâchoires; la suppression de la sustentation, le véhicule glissant alors sur des patins fixés sur le fond et destinés à le supporter au repos. Un autre élément de sécurité tient à l’existence d’un rail de guidage très important, sur lequel le véhicule est à cheval, ce qui rend le déraillement pratiquement impossible.Des expériences en vraie grandeur ont été menées dans les années soixante, jusqu’à une vitesse de 350 kilomètres/heure, sur une ligne construite près de Gometz, entre Paris et Orléans. Malgré leur succès technique, elles n’ont toutefois pas été suivies d’applications commerciales; l’une des raisons de cette impasse tient très certainement à la nécessité de réaliser une voie spéciale pour l’aérotrain, ce qui pose en particulier des problèmes pour le faire pénétrer jusqu’au cœur des grandes villes, l’espace disponible étant de plus en plus réduit.Le T.G.V. (train à grande vitesse) constitue d’une certaine façon la réponse du chemin de fer classique au défi technologique lancé par l’aérotrain.• 1965; n. déposé, de aéro- et train♦ Véhicule aéroglisseur circulant sur une voie monorail. Un aérotrain peut être propulsé par un moteur électrique linéaire, un turbopropulseur ou un turboréacteur.Synonymes :- aéroglisseur⇒AÉROTRAIN, subst. masc.Néol. Véhicule se déplaçant sur coussin d'air et glissant sur une voie spéciale. Synon. rare aéroglisseur :• En ce qui concerne ceux-ci, [les transports à support propre] l'administration fait avancer des études sur les moyens de liaison d'une part à vitesse moyenne pour courtes distances (métro-suspendu), d'autre part à vitesse élevée (aérotrain) notamment pour les raccordements interurbains au sein d'une même région, ce qui favoriserait la complémentarité des fonctions des villes.G. BELORGEY, Le Gouvernement et l'administration de la France, 1967, p. 362.Étymol. ET HIST. — 1967, supra [1966, GALIANA Déc. sc. 1968 : le premier train sur coussin d'air, de Jean Bertin, atteint 303 km/h].Composé de l'élément préf. aéro- et de train.BBG. — GALIANA Déc. sc. 1968.aérotrain [aeʀɔtʀɛ̃] n. m.ÉTYM. 1965; de aéro-, et train.❖♦ Véhicule circulant sur un coussin d'air comprimé (→ Aéroglisseur) le long d'une voie formée d'un seul rail. || Les Japonais « préparent un train encore plus révolutionnaire que notre aérotrain Bertin » (Science et Vie, No 592, p. 42). || Un aérotrain peut être propulsé par un moteur électrique linéaire, un turbopropulseur ou un turboréacteur.0 (…) l'aéro-train, conçu par l'ingénieur Jean Bertin et vigoureusement défendu par la délégation à l'Aménagement du Territoire (…) Glissant sur un rail de béton, soutenu par un coussin d'air, propulsé par une hélice, ou même un jour, si l'on veut, par des fusées, l'engin expérimental, en vraie grandeur, a dépassé 300 km-h, l'hiver dernier. Une seule ligne est prévue actuellement, entre Orléans et Paris. La vitesse moyenne sera de l'ordre de 250 km-h, ce qui ne lui assurera pas un avantage décisif sur le turbo-rail.l'Express, 10-16 juil. 1967.
Encyclopédie Universelle. 2012.